Certains systèmes de traduction automatique produisent des traductions qui donnent l’illusion d’être rédigées par des humains. Mais la fluidité des textes endort notre vigilance et masque les erreurs commises par la machine : contresens, manque de cohérence, termes inadaptés au contexte… Autant d’erreurs qu’un lecteur non averti pourrait bien laisser passer.
Traductrice (humaine !) proposant des services de traduction informatique et juridique, Gwendoline Clavé nous parle des lacunes de la traduction automatique.
Aucune adaptation au lecteur
Tout d’abord, un tel système ne tient pas compte des besoins du lecteur. Par exemple, qu’elle se destine à un consommateur français, à un avocat belge ou à un juge canadien, la traduction automatique d’un contrat sera identique.
Selon le type de document et le domaine concerné, d’autres problèmes peuvent se poser :
- un système de traduction automatique peut introduire des biais ;
- un terme mal « choisi » par la machine peut offenser ou insulter le lecteur ;
- une mauvaise traduction peut entacher votre réputation ou celle de votre entreprise…
À l’heure de la rédaction en langage clair et de l’écriture inclusive, il est important de savoir s’adapter à son public, surtout dans un contexte commercial. Une traduction humaine qui tient compte des nuances culturelles et qui respecte les conventions de rédaction du pays ciblé montre au lecteur que vous vous souciez de lui.
Aucune prise en compte du contexte
De nombreux systèmes de traduction automatique procèdent phrase par phrase. Ils ne peuvent donc pas s’appuyer sur l’ensemble d’un texte pour analyser le contexte. Cela pose plusieurs problèmes :
- lorsqu’un terme possède plusieurs sens, sa traduction est souvent inadaptée au contexte ;
- un même terme peut être traduit de différentes manières au sein d’un texte, parfois avec des sens très différents ;
- face à ces erreurs, les lecteurs sont au mieux perturbés et au pire incapables de comprendre le sens d’un texte.
Un moteur de traduction automatique est dénué de tout bon sens ou discernement : il ne fait qu’assembler des extraits de traductions selon des critères probabilistes en vue d’imiter les humains. Il n’est donc pas surprenant que la qualité s’en ressente.
Difficultés d’analyse et d’interprétation
Au-delà des mots, ces systèmes se heurtent à des difficultés d’interprétation de la structure d’une phrase. Leurs capacités d’analyse laissent souvent à désirer, notamment lorsqu’ils rencontrent une phrase complexe, une erreur dans le document original (mot oublié, verbe mal accordé…), une ambigüité ou une contradiction.
Ces difficultés donnent lieu à des « bugs » ou « hallucinations ». Par exemple, il arrive qu’un moteur de traduction automatique :
- ajoute ou omette un mot (comme une négation), changeant ainsi le sens d’une phrase ;
- répète un mot ou un groupe de mots plusieurs fois à la suite, de façon absurde ;
- « saute » une phrase ou un paragraphe du texte source ou le laisse dans la langue d’origine.
Tous ces bugs peuvent gêner la compréhension du lecteur et même fortement l’agacer. Pour toutes ces raisons, la traduction automatique nécessite encore l’intervention d’un traducteur humain professionnel, et cela n’est pas près de changer.